ARTS & MACHINERIES

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Recyclage sauvage

06-11-2011 à 08:43:15
Bonjour,

J'ai découvert l'année dernière une communauté de récupérateurs de tout et n'importe quoi aux méthodes lamentables, je ne les citerai pas pour ne pas leur faire de pub.

On peut voir des méthodes de récupération carrément illégales, carrément dangereuses, et quasi systématiquement non rentables. Là non plus, je n'entrerai pas dans le détail pour ne pas induire en erreur ceux qui seraient tentés de s'y mettre.
Il faut être clair, leur motivation est de faire de l'argent, le recyclage pour protéger les ressources de la planète est une notion presque insignifiante dans cette communauté. Le recyclage est avant tout un état d'esprit, un mode de vie qui exploite au maximum la possibilité de remettre les matériaux dans le cycle de vie des produits.

Un bon recyclage:

- Commence par une bonne conception du produit.
Si les matériaux employés sont assemblés mécaniquement et non pas collés, soudés ou liés chimiquement, ils seront d'autant plus faciles à séparer ultérieurement. Si les matières premières sont utilisées à l'état 'naturel', c'est-à-dire sans colorant, elles seront plus faciles à réemployer sans tri trop poussé. La construction doit être assez solide pour une durée de vie la plus longue possible. Les matériaux de base devraient résister aux conditions d'environnement sans nécessiter de revêtement...

- Devrait être mis en place par le fabricant du produit et son réseau de distribution, les mieux à même d'utiliser leur circuit dans l'autre sens. Les filières spécialisées à sens unique ne devraient être déployées que pour les produits complexes.

- Doit impliquer le consommateur/utilisateur.
Le choix d'un produit plutôt qu'un autre devrait reposer sur des critères environnementaux. Ca commence à être le cas en matière de consommation énergétique des appareil ménagers mais presque rien en matière de déconstruction. Si certains services de reprise existent, on ne sait pas trop ce qu'il advient des produits.
Le consommateur est déjà mis à contribution pour le tri initial de ses déchets. Ce tri est malheureusement souvent mal fait si ce n'est pas du tout. Certaines démarches ont prouvé qu'il était possible de motiver le grand public de manière efficace par une modulation individuelle de la taxe sur les déchets ménagers.

- Doit être accessible à tous.
Le système des déchetteries, censé remplacer les décharges publiques, n'est pas à la hauteur de ce qu'il pourrait apporter, le tri y est insuffisant et le traitement des déchets particulièrement opaque. Les horaires d'ouverture variables et les restrictions abusives d'accès et de dépôts font que nombre de déchets finissent dans la nature, un comble !

- Doit être surveillé par les autorités.
S'il ne s'agit pas d'empêcher les initiatives de récupérateurs "amateurs", il ne faut pas pour autant tolérer les pratiques polluantes et malhonnêtes. Le brûlage de nuit des fils électriques, les dépôts sauvages de déchets secondaires devraient être trèe lourdement sanctionnés, à un niveau tel que les recycleurs indélicats préféreront arrêter net leurs activités. Une police de l'environnement devrait faire partie intégrante du "système".

- Doit être efficace, rentable, utile.
Les techniques de traitement des déchets font régulièrement des progrès. L'industrie a compris l'intérêt du recyclage des matières premières et s'en sert dès que possible. La difficulté est de trier des matériaux différents ne pouvant être réemployés ensemble. Seule la conception initiale du produit incluant le retraitement peut être efficace à ce niveau.
La rentabilité, indispensable, se veut sur tous les niveaux: environnemental, énergétique, financier. C'est parfaitement réalisable techniquement si on se donne la peine de concevoir les choses correctement.
L'utilité n'est pas forcément évidente. elle ne doit pas être le prétexte à induire une consommation inutile. Les capsules de café soluble sont un scandale à ce titre: production des capsules en plastique/aluminium/énergie, transport, élimination. Même si TOUTES les capsules étaient recyclées, ce qui est très loin d'être le cas, l'opération globale ne peut se justifier face à l'emploi traditionnel du filtre papier pouvant être entièrement destiné au compost végétal.

- Doit être enseigné.
On ne s'improvise pas recycleur. Ce n'est même pas un réflexe, il faut l'apprendre. Mais l'enseignement ne devrait pas se contenter de dire qu'il faut trier, il faut expliquer pourquoi. Il faut aussi enseigner comment choisir ses produits selon leur aptitude à être recyclé., comment reconnaître les matériaux, à quelle filière les confier pour mieux les valoriser.



On voit passer des énergumènes qui expliquent qu'ils extraient des métaux précieux d'ici ou là, mais à quel prix ? Les produits chimiques ont leur prix et ne sont quasiment jamais retraités ensuite. Le rapport énergétique de ces bricoleurs mal renseignés est systématiquement négatif et les dégâts à l'environnement est souvent significatif. Quant à leur santé, leur aspect est bien souvent assez parlant...
Récupérer des métaux sur le point de partir à la poubelle et les revendre à la ferraille, oui. En faire un business quitte à pourrir la planète, non. Si les choses étaient faites selon les quelques principes énumérés plus haut, il n'y aurait pas "utilité" à ce que certains fouillent les déchets pour en sortir des éléments valorisables non triés.
La filière "déchets" se développe partout dans le monde, avec plus ou moins de bonheur, mais c'est le signe d'une prise de conscience du potentiel énorme de cette ressource. C'est malheureux à dire, mais on jette tellement que les déchets sont bel et bien une ressouce en matière et énergie. La valorisation de ces déchets ne passe cependant pas par la facilité du ferraillage bête et méchant ou de l'incinération. encore moins de l'enfouissement.

Pour ceux qui ont eu le courage de lire ce message jusqu'uici, je propose d'étudier au cas par cas les possibilité de recyclage local de tel ou tel produit courants par des méthodes simples et accessibles, quand c'est possible, mais toujours en sécurité. A défaut, les grands principes seront abordés pour instiller certaines idées qui devront forcément être appliquer un jour ou un autre.

Faites vos propositions: quel matériau pourriez-vous récupérer régulièrement pour le recycler/valoriser ?
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12-11-2011 à 07:01:31
Bonjour,

C'est très intéressant comme sujet.
C'est vrai qu'on peut recycler pour le fric ou pour la planète mais qu'il faut le faire bien. Malheureusement, il faut du temps et de la place.
Il ne faut pas oublier le réemploi, qui est la remise en service d'un objet qui ne servait plus, après réparation si besoin.

Si on commencait par un exemple simple de ton long message?
Si j'ai du fil électrique en tout genre, comment faire pour le recycler et le valoriser au mieux ?

A+
D.
16-11-2011 à 05:48:33
Bonjour D.,

La récupération des fils de cuivre est effectivement un des cas les plus courants avec les tubes de plomberie.
Je commencerai par un détour sur les tubes de cuivre récupérés lors de travaux de plomberie. Les chutes de pose en neuf ne posent aucun problème, il suffit de les recouper en longueurs facilitant leur transport et stockage. Par contre, dès lors que ce sont d'anciens tubes recouverts de peinture, il faut les stocker à part car ils ne sont pas repris au même prix par les ferrailleurs. Si par chance la peinture s'écaille, quelques coups de spatule peuvent suffire à faire revenir les tubes dans la meilleure catégorie mais les écailles de peinture doivent être soigneusement collectées et déposées en déchetterie avec les produits toxiques. Si la peinture tient trop bien, il n'est pas raisonnable de chercher à la retirer. Quoi qu'il en soit, il faut se protéger des poussières de peinture en portant un masque et des vêtements apropriés.

Revenons maintenant aux fils électriques.
La meilleure valorisation demande là aussi la séparation du cuivre de son enveloppe protectrice. Celle-ci peut être un simple revêtement isolant mais peut aussi prendre une forme complexe multicouche (blindage, armature...).
La méthode consistant à brûler le tout est tout simplement irresponsable et dangereuse. Les émanations sont hautement toxiques et polluantes d'une part et dégradent fortement le cuivre d'autre part. Côté valorisation, c'est zéro, côté environnement et santé, c'est monstrueux.
La seule solution viable est le dénudage mécanique. Je ne parle donc pas de l'épluchage au cutter qui représente un travail considérable mais de l'utilisation d'un appareil spécial motorisé qui simplifie l'opération. Il en existe des versions industrielles, hors de prix, et des versions plus abordables pour récupérateurs avertis. Le principe en est généralement le passage du câble entre deux molettes, en V, l'une concave pour le guidage, l'autre convexe pour le cisaillage de la gaine. Cette dernière se trouve fendue ou affaiblie sur toute sa longueur et permet ainsi l'extraction du fil de cuivre (ou d'alu).
Il est à considérer que l'identification préalable des câbles est fort utile pour faciliter récupération et valorisation.
En effet, certains câbles sont fabriqués par un procédé donnant une adhérence de la gaine sur le fil extrêment forte. Le travail requis pour l'extraction dépasse le bénéfice de la récup des matériaux, il est bon de savoir les éviter; les câbles moyenne tension EDF sont très difficiles à traiter, tout comme les câbles de téléphone aériens)). Il y a aussi la difficulté des dimensions, surtout des fils très fins des câbles multibrins de téléphone, de réseau informatique...). Cette fois, c'est la minutie exigée qui ralentit le travail et en baisse fortement la rentabilité.

Les câbles électriques basse tension (380V et moins) sont les plus faciles à traiter. Pour peu que l'on connaisse leur provenance, on peut parfois identifier précisément la matière de l'enveloppe isolante et de la valoriser aussi. Les plastiques sont relativement faciles à recycler s'ils sont parfaitement triés Les prix ne sont pas très élevés mais ne sont pas à négliger pour autant. Par contre, si on ne connaît pas exactement la matière, déchetterie.
Je donnerai, dans quelques temps, plus d'infos sur la fabrication maison d'une dénudeuse.

A bientôt,
Nicolas.

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