Bonjour,
Voici quelques infos sur la récupération d'eau de pluie à laquelle nous sommes incités à force matraquage médiatique et publicitaire.
Le principe est parfaitement fondé, et appliqué depuis longtemps, de collecter l'eau de ruissellement des toitures pour en faire un usage différé. Le but étant à la base de pouvoir disposer d'eau en l'absence de réseau de distribution, de puits ou de quantité suffisante. Ce sont donc surtout les jardiniers qui mettent en oeuvre cette récupération, même si d'autres usages ont vu le jour.
Dans la pratique, cela va du simple bidon métallique ou plastique à l'énorme réservoir maçonné, en passant par diverses cuves plus ou moins détournées de leur usage initial.
Les cuves/palettes industrielles:
Il est une mode actuellement de réutiliser des cuves en plastique sur palette d'origine industrielle. Il faut être très prudent avec ce genre de cuves, car bien souvent, ils ont contenu des produits toxiques. Certains vendeurs de ces cuves vous les proposent nettoyées, mais aucune garantie de l'efficacité de ce nettoyage et bien peu d'aisance pour exliquer les conditions de nettoyage ( dans le meilleur des cas, en station de lavage auto ). D'autres vendeurs n'ont aucune hésitation à vous vendre une cuve dont le fond contient encore un produit visqueux et malodorant..
La prudence voudrait que l'on puisse choisir en toute connaissance de cause la cuve selon ce qu'elle a contenu. Pour celles qui viennent de l'industrie agroalimentaire, il n'y a généralment pas de risque majeur. Ces industries ne peuvent pas réutiliser les conteneurs par souci d'hygiène et le fond de cuve, s'il peut se dégrader et devenir nauséabond, n'est pas pour autant dangereux. Par contre, les cuves ayant contenu des produits chimiques sont à éviter absolument. L'idéal est de chosir une cuve qui porte encore son étiquette d'origine identifiant son contenu. Si cette étiquette est absente, méfiance. Certaines étiquettes portent des noms de produits, des phrases d'avertissement réglementées et des symboles de toxicité qu idevraient faire fuit toute personne tenant à sa santé. On peut malheureusement voir à la vente des cuves portant encore des symboles comme ci-dessous et qu'il faut fuir comme la peste!
Dans ces conditions, pour le jardin bio, vous repasserez. Car même si vous n'arrosez avec que des fleurs d'ornement, cela constitue quand même une pollution du sol et les végétaux en absorberont une partie. Ces mêmes végétaux que vous entasserez probablement sur votre compost qui sera a sont tour pollué et contaminera ensuite d'autres secteurs ou vous utiliserez votre terreau. Et oui, certains produits ont la peau dure et sont capables de garder leur potentiel de dangerosité directe ou cumulative après de longues périodes. Certaines agressées par le milieu naturelles pouvant d'ailleurs se décomposer en élément encore plus dangereux !
Vous voyez donc que l'utilisation de ces cuves peut réserver des surprises et que la plus grande vigilance est de mise.
Les cuves spéciales:
Commercialisées par des sociétés spécialisées ou les magasins de bricolage et/ou jardinage, ces cuves sont spécialement destinées à l'usage de récupération d'eau et neuves, elles sont exemptes des produits chimiques ( à l'exception de traces inhérentes à tous les plastiques ). Il existe toutes sortes de formes et dimensions. Certaines ridiculement petites, d'autres monstrueusement surdimensionnées et intransportables. Prenez bien soin de vérifier que le modèle qui vous intéresse est bien fini, que les orifices d'entrée et de sortie sont bien présent ( rater son coup en perçant du plastique peut détruire la cuve ), ainsi que tous les accessoires et que la conception de l'ensemble tient la route.
En effet, il n'est pas rare de voir des cuves brutes de fabrication que le client doit assembler, voire finir lui-même. On trouve donc des cas où il n'y a pas d'orifice d'entrée de l'eau ( ! ) ou des robinets de sortie ridiculement petits ou qui fuient tout ce qu'ils peuvent. Les vendeurs font quasi systématiquement l'impasse sur des nécessités absolues:
- Ne poser une cuve que sur un sol stable, résistant et de niveau parfaitement horizontal. Avec le poids de l'eau, une cuve penchée sur un sol mouillé ne manquera pas de finir pas basculer.
- Protéger la cuve contre les entrées de débris. Si on peut assez facilement empêcher des feuilles d'arbres de rentrer, c'est quasi impossible avec les mousses et larves d'insectes qui iront se développer dans la cuve d'eau stagnante. Pas le choix, pour éviter l'eau croupie, il faut l'utiliser assez rapidement.
- Vidanger la cuve avant la période de gel. Certains oublient que l'eau gelée occupe plus de volume qu'à l'état liquide et qu'elle a suffisamment de force pour briser n'importe quel réservoir. Inutile donc de conserver de l'eau à une période où l'eau n'est pas indispensable.
- La sortie de la cuve doit être placée à une hauteur permettant de soutirer l'eau et de la verser dans un seau ou un arrosoir. Un robinet au ras du sol est une conception grotesque de la part du fabricant qu'il faut compenser par une pose sur un support adapté.
On peut regretter également qu'il n'y ait pas autant d'efforts en matière de raccordement qu'en matière de captage. Les dispositifs de dérivation sur descente de gouttières ne manquent pas, mais les accessoires de filtration, branchements, siphons et autres dispositifs anti-débordement jouent les grands absents. Hé oui, il manque systématiquement le retour du trop plein dans le circuit d'évacuation, crtains fabricants de dérivations imaginent que le remplisage s'arrête tout seul ou que l'utilisateur sera toujours là pour désenclencher la dérivation, c'est navrant quand on sait les dégâts que cause l'eau qui ruiselle n'importe où.
Les cuves enterrées:
Soit prévues à l'origine pour cela, soit des fosses septiques débranchées et reconditionnées, elles sont évidemment plus discrètes et mieux protégées, mais à moins que le terrain l'offre une pente très importante, il faudra remplacer le soutirage par gravité par un pompage. Ca complique un peu l'installation, mais la contenance importante et l'invisibilité sont cependant très appréciables.
Cas particulier des cuves en maçonnerie:
On peut être confronté à des problèmes d'étanchéité assez important en cas de mouvement du terrain. Il existe des cuves préfabriquées en béton, qui s'apparentent alors aux fosses ( septiques ou non ) en plastique mais nécessitent une surveillance de l'acidité due au ciment et que les végtaux pourraient ne pas apprécier.
Usage domestique de l'eau de pluie:
On utilise le plus souvent l'eau de pluie collectée dans le but d'arroser son jardin en période sèche et économiser l'eau potable.
Certains vont plus loin et prévoient d'utiliser cette eau pour les usages hors consommation humaine, soit les chasses d'eau des toilettes et parfois pour le lave-linge.
C'est possible mais plusieurs points sont à considérer:
- Il est absolument impératif de disposer d'un réseau totalement séparé pour l'eau récupérée qui ne doit en aucun cas pouvoir s'introduire dans le réseau d'eau potable.
- Pour que ce réseau spécial fonctionne correctement, il faut traiter l'eau récupérée ( filtration sérieuse et parfois plus ), ce qui peut alourdir le coût et nécessite surveillance et entretien.
- Il aparaît un déséquilibre entre eau consommée et eau rejetée qui complique le financement de la filière de traitement des eaux. Car n'oublions pas que le prix de l'eau potable comprend en partie le coût de traitement des eaux usées. Or, si cette pratique devait se développer, on ne tarderait certainement pas à voir apparaître des augmentations de prix ou des taxes spécifiques pour ajuster les coûts de traitement. Autant dire que si la motivation pour la récupération d'eau est économique, ce n'est pas un investissement à retour garanti !
Et pour l'habitat neuf ?
C'est là le plus navrant, rien n'est prévu ! Ce n'est absolument pas dans les mentalités et les quelques rares projets d'intégration dès la construction de la récupération d'eau sont plus le fait d'une demande du propriétaire qu'une réelle préoccupation de l'architecte.
Il reste énormément de progrès à faire dans ce domaine et on ne peut que regretter que ceux qui incitent à économiser l'eau par voie de campagnes publicitaires ne donnent pas l'exemple en imposant de telles dispositions pour les constructions d'édifices publics ou même pour les programmes immobiliers des gros promoteurs. Les normes de "haute qualité environnementale" et les grotesques "agendas 21" ne sont que poudre aux yeux qui masquent des lacunes graves et ne répondent en fait qu'aux intérêts de la filière BTP. S'il n'est pas question de remettre en cause les progrès à faire en isolation et performances énergétiques, il serait appréciable que l'eau soit également considérée dans les critères de conception des nouvelles constructions.
En attendant, il ne reste que les solutions bricolées pour être abordables et adaptables à l'existant et, faute de mieux, il faut donc être attentif aux pièges que les matériels proposés peuvent réserver.
Vous avez un cas concret à présenter ? Votre exemple sera le bienvenu ici...
Nicolas.
--Message édité par le 20-01-09 à 09:36:37--
--Message édité par le 20-01-09 à 09:38:47--
Acheter chinois tue nos emplois.
Mon avatar: Doc Brown, l'inventeur fou de Retour vers le futur ( Christopher Lloyd )