ARTS & MACHINERIES

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Vitrail: condensé de la méthode Tiffany

07-03-2010 à 14:17:45
La méthode Tiffany, du nom de son inventeur, diffère de la méthode traditionnelle uniquement par son mode d'assemblage: les morceaux de verre sont maintenues par un réseau en cuivre étamé et non en plomb.
En effet, la méthode consiste à poser tout autour des pièces de verre un fin ruban de cuivre adhésif que l'on rabat de chaque côté.
Les pièces sont ensuites soudées entre elles avec un fer à souder et de l'étain. C'est beaucoup plus rapide en assemblage car pas de mise en plomb à emboîter, pas d'ailes à rabattre, pas de masticage.
Par contre, l'ajustement des pièces doit être sans défaut car cette méthode ne pardonne pas les manques de matière qui se révèlent par des trous !

Les étapes de création sont donc les mêmes que pour la méthode traditionnelle, il n'y a pas lieu de les recopier ici.

Le principe de coupe du verre est exactement le même, à ceci près que l'on n'a pas à déduire l'épaisseur de l'âme de plomb. Il faut tout de même savoir que même si le cuivre est de très faible épaisseur, il y en a quand même deux couches et que leur accumulation par empilement de petites pièces peut amener à des distorsions. Les gabarits en carton sont découpés aux ciseaux normaux à deux lames et les pièces en verre doivent les suivre scrupuleusement. Dans le cas où l'emboîtement ne serait pas satisfaisant, retoucher la pièce en verre à la meule diamantée.

Si certaines pièces montées en plomb peuvent avoir leurs bords bruts de grignotage, la méthode tiffany impose un passage sur la meule diamantée. pour supprimer les plus grosses aspérités. Le ruban de cuivre est tellement fin qu'il ne peut rien masquer et la moindre pointe viendrait buter sur la pièce voisine.

Je reviens sur les manques de matière: en montage plomb, on peut parfois se permettre de petits écarts, les ailes de plomb cachent souvent les petits éclats et les points cassées. On est même souvent obligé de diminuer certaines parties trop saillantes au niveau des intersections de plomb. Le montage en cuivre est très différent à ce niveau car il ne cache rien. Contrairement au plomb, il se pose sur le verre, donc, s'il manque du verre...
La coupe est donc la partie la plus importante. On la vérifie en plaçant les pièces sur le plan de montage.

La pose du cuivre:
L'huile de coupe et toute trace de doigts doivent être retirés totalement avant la pose du cuivre. Si vous avez tendance à transpirer des mains, portez des gants en coton por éviter de graisser le verre. L'adhésif du cuivre ne tolère pas le gras, tout adhésif contaminé doit être retiré.
La largeur du ruban est choisie en fonction de l'épaisseur du verre et de la largeur apparente souhaitée.
On place la tranche du verre sur le ruban, bien au centre, et on fait le tour de la pièce, en appliquant bien pour épouser le contour. On peut chevaucher un peu à l'arrivée, mais pas trop pour éviter les surépaisseurs. On rabat ensuite les bords restants sur les faces du verre, le cuivre prend donc la forme d'un U carré. On prend soin de bien appliquer le cuivre sur le verre avec une spatule à rabattre: ça élimine les plis et améliore la tenue de l'adhésif.

Quand on replace les pièces sur le plan de montage, si on en regarde deux côte à côte, on constate que les deux rubans de cuivre contigüs formeront un H une fois soudés. La solidité de l'ensemble viendra de cette soudure car l'étain va renforcer considérablement les rubans de cuivre.

A ce stade, on peut constater des distorsions du motif, du fait de l'accumulation des épaisseurs de cuivre.
On commence donc par placer les premières pièces sur la planche de montage et, dès que le motif ne correspond plus, on repère quelle partie de la pièce dépasse, on retire le cuivre et on la corrige avant de la recuivrer. On n'intervient ainsi que là où c'est nécessaire.

La soudure:
Elle est plus simple qu'avec le plomb. On applique un décapant liquide ( quantité très modérée ), et on promène la panne du fer à souder en contact avec le cuivre ET le fil d'étain. Si on tient la panne selon un angle particulier et qu'on alimente suffisamment en étain, un seul passage de fer laisse derrière lui un cordon d'étain bombé du plus bel effet.
Attention à ne pas trop insister à un même endroit: l'adhésif pourrait être détruit avant la fin de la soudure et le ruban se décoller.
Attention également aux vapeurs de soudure, c'est plutôt nocif.

Voilà les grandes lignes, si vous voulez plus d'infos sur une étape particulière, référez vous d'abord au sujet sur la méthode traditionelle qui est beaucoup plus détaillée. Si vous ne trouvez pas votre réponse, posez vos question à la suite de ce message.

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07-03-2010 à 14:17:45
Pourquoi la méthode Tiffany a-t-elle autant de succès chez les amateurs ?

Cela tient à plusieurs raisons:
- Un vitrail Tiffany est plus rapide à réaliser ( c'est relatif, mais bon...).
- C'est plus rigide. Le cuivre étamé présente en effet une rigidité supérieure à celle du plomb, ce qui permet de s'affranchir du masticage. Soit dit en passant, c'est souvent le durcissement excessif du mastic qui casse les verres...
- C'est plus léger. Même étamé, le réseau en ruban de cuivre représente une masse bien inférieure à celle de son équivalent en plomb.
- On peut travailler en 3D ! La technique Tiffany permet, grâce à l'absence d'efforts de pose, de travailler en légèreté sur un support en polystyrène donnant une forme au vitrail. On peut ainsi réaliser des abat-jours de lampe du plus bel effet. Certains pros vont jusqu'à réaliser des verrières bombées pour déco architecturale.
- Cela demande moins de matériel. Non, le matériel est pratiquement le même que pour la méthode traditionelle. C'est plutôt sur les fournitures et la place qu'on s'y retrouve: le plomb prend beaucoup de place alors que le ruban de cuivre se présente sous forme de rouleaux très compacts.
- On peut entrer plus dans le détail. Oui et non. Certes on peut se permettre des pièces plus petites car on est moins contraint par la mise en plomb, mais les détails les plus fins restent l'apanage de techniques complémentaires.
- On n'est pas obligé de l'encadrer. Vrai, un vitrail Tiffany, s'il est bien conçu, est assez résistant pour être suspendu sans nécessiter de structure complexe. Pour peu qe ses dimensions le permettent bien entendu. De même, un motif n'a pas forcément besoin d'être entouré d'un fond, il peut rester tel quel.

Le vitrail Tiffany a donc trouvé sa place tout naturellement dans le monde de la verrerie décorative. Son règne est cependant ombragé par la technique récente du fusing, qui fera l'objet d'un autre sujet.
Il reste cependant incontournable pour la réalisation de certains objets et reste assez facilement accessible.

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