ARTS & MACHINERIES

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Vitrail: condensé de la méthode traditonnelle

27-02-2010 à 08:01:57
Bonjour,

Sans vouloir tomber dans le cours magistral, voici un résumé de la technique traditionnelle du vitrail.

Le projet de motif est d'abord déterminé en fonction du lieu de pose pour tenir compte de l'environnement immédiat ( style architectural, déco, lumière disponible ). Le motif peut être géométrique ou représenter une scène plus ou mons détaillée.
Le dessin est réalisé à l'échelle 1/10e, c'est la maquette. On l'utilise pour adapter le motif à la technique, choisir les couleurs et textures de verre, déceler les difficultés de réalisation, prévoir les éventuelles armatures, choisir d'éventuels renforcements d'effet par les largeurs de plomb...

La maquette est agrandie sur une tireuse de plans ( magasins de reprographie ) puis chaque morceau est numéroté en identifiant chaque couleur, texture et éventuellement orientation du veinage.
C'est le gabarit, dont on fait une copie à l'identique. Un exemplaire sera collé sur la planche de montage tandis que l'autre est collé sur un carton. Ce carton sera découpé avec des ciseaux à trois lames qui retirent l'épaisseur du plomb qui passera entre chaque morceau de verre.

Le verre, clair, teinté dans la masse ou émaillé, est découpé en suivant les gabarits en carton. La coupe est d'abord approximative avec le coupe-verre puis est affinée si besoin par grignotage à la pince et/ou meulage.

Le montage se fait pièce par pièce sur la planche: une pièce est posée puis entourée de plomb, la pièce suivante est posée et ainsi de suite. Elles sont maintenues par des clous jusqu'à ce que, le montage fini, les plombs soient soudés.
Chaque pièce est ajustée de sorte à ce qu'elle prenne la place indiquée sur la gabarit collé sur la planche. Tout écart doit êtrte corrigé à ce moment pour éviter les déformations du motif.
Lors de la pose des plombs, une atention particulière doit être portée à leur positionnement et emboîtements aux jonctions.

Le montage terminé, les intersections de plomb sont préparées à la soudure en rabattant les ailes. Un décapant est appliqué et une soudure à l'étain est appliquée au fer à souder.

Si le vitrail est destiné à un montage extérieur, il faudra le mastiquer pour le rendre étanche. On profite donc que les plombs soient encore "ouverts" pour y glisser un mastic vitrier presque liquide, que l'on emprisonne en rabattant les ailes du plomb.

Le mastic en excédent est ensuite retiré soigneusement avec de la sciure de bois et un chiffon. Après un nettoyage complet, le vitrail est terminé.

Voilà, ce sont là les principales étapes, fortement résumées. Dans de prochains messages, je reviendrai avec plus de détails sur chaque étape, avec des illustrations.
N'hésitez pas à poser des questions ou à commenter si vous utilisez une techniques différente ( les méthodes Tiffany, fusing, grisaille, gemmail... seront discutées dans d'autres sujets.

A bientôt,
Nicolas.
PS: je commence pour l'instant par le texte, j'insèrerai des photos dans un second temps.

--Message édité par le 25-02-10 à 20:51:31--
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22-02-2010 à 06:13:04
PARTIE 2

Le PROJET un peu plus détaillé

Pas question de discuter les goûts et les couleurs, le sujet sera laissé à la libre appréciation de chacun et je ne donnerai ici que des points de repère.

On considère donc en premier le lieu de pose du vitrail. A part pour les réalisations purement ornementales et mobiles ( objets de table ), un vitrail est conçu en fonction d'une ouverture dans un mur. On doit donc tenir compte de la lumière disponible selon l'orientation au soleil, du besoin en lumière à l'intérieur selon l'usage de la pièce, du style architectural, de la décoration, des goûts du propriétaire...


Le choix du motif se fait au départ en fonction de son niveau de technicité. Un débutant évitera de se lancer dans des motifs trop complexes, au nombre de pièces importants, présentant des coupes difficiles ou faisant appel à des techniques complémentaires lourdes. Il est évident qu'on commence par du simple.
Les figures géométriques sont les plus simples et les plus rapides à exécuter. En effet, les coupes droites sont faites à la règle, sans aucun rognage ensuite.
Les motifs abstraits, art déco et cistérciens conviennent parfaitement et n'empêchent pas quelques fantaisies.

Le choix de la simplicité n'est pas anodin: même quand on mâitrise mieux la technique, on peut encore se retrouver avec des motifs trop complexe pour une coupe directe dans le verre. Le montage en plomb impose une dimension minimum pour les morceaux de verre, pour pouvoir les manipuler, mais aussi pour qu'ils soient visibles !
Le vitrail tel quel n'est donc pas capable de reproduire des détails fins et on doit donc utiliser les caractéristiques du verre pour donner le change.

Autant on peut se référer à des livres spécialisés dans les motifs pour vitraux, autant le choix des verres est rendu difficile par leur variété car la plupart sont uniques. Le débutant se cantonnera au jeu de couleur des verres "mécaniques" produits industriellement et toujours disponibles ( séries MNA Massif Nouvel Antique- Artista... ).

Le choix du motif devra aussi tenir compte du montage en plomb qui impose la présence de traits liés au montage et non au motif,et qu'il faut par conséquent soit intégrer au décor soit "masquer" par divers artifices. Ils resteront visibles mais seront assimilés soit à la structure porteuse soit à un soulignement volontaire: prolongement de lignes par exemple ( feuilles de végétaux, lignes de fuite... ).

On peut également prévoir dès le choix du motif le jeu de couleurs ou de texture des verres: lisses, granuleux, nervurés pour les reliefs, unis, bariolés ou striés pour les couleurs, ou même avec effets spéciaux ( bulles, irisations, effet métallisé ).
Je vous le dit clairement, ce choix de verre ne peut pas se faire sur papier ni sur écran. Seule la vision réelle de la lumière traversant le verre peut vous dire quelle couleur ou texture ira le mieux pour telle ou telle image. Le choix dans le magasin spécialisé est prfois très difficile mais c'est la garantie d'un émerveillement ( attention au compte en banque car la tentation est grande ! ).

Cela peut paraître beaucoup mais vient naturellement avec l'xpérience. Mieux vaut donc débuter par des sujets simples pour se familiariser avec la pratique et évoluer graduellement vers des techniques plus complètes.
D'autres messages ou sujets présenteront prochainement des techniques complémentaires pour aller plus loin dans les détails figuratifs. Mis ici, nous restons dans la technique de base.

A suivre: la maquette.

--Message édité par Touche_à_tout le 26-02-10 à 19:44:54--

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23-02-2010 à 20:53:36
Partie 3: la maquette.

Lorsque l'on a arrêté son choix sur un motif principal, un fond, un éventuel entourage, dans tel ou tel style, il est temps de rassembler tout ça sur le papier.

On travaille à l'échelle 1:10, ce qui facilite le calcul des dimensions. On trace donc un cadre correspondant aux dimensions du logement où se placera le vitrail fini. On trace ensuite le motif. Pour limiter le nombre de pièces, on limite autant que possible le nombre de couleurs à représenter. Le choix des verres permet souvent de compenser.

Le dessin est à ce moment très dépouillé, mais c'est voulu. On en fait des photocopies qui servent à tester différentes combinaisons de couleurs. Ceux qui travaillent sur ordinateur imprimeront directement leurs essais, sans toutefois que cela soit en correspondance avec les teintes réelles des verres.

Une fois le jeu de couleurs sélectionné, on le codifie en abrégé.
On a entre les mains la maquette de présentation, c'est encore insuffisant pour passer à la fabrication. On reprend une copie non colorée pour la suite.

Le dessin ne comporte donc que des contours que l'on renforce éventuellement pour signifier des plombs plus larges. Chaque pièce reçoit un code de couleur et un numéro de pièce, conformément au projet en couleur.
Dans le cas de nervures ( feuillages, bois ) ou de verres à textures, leur orientation peut être reportée sur le dessin. Losque le dessin porte toutes les indications utiles à l'identification des pièces, on a terminé la maquette.

La maquette est ensuite confiée à une boutique de reprographie pour un agrandissement X10 sur une tireuse de plans. Ainsi, le plan de montage est d'un seul tenant, sans raccords. Attention cependant, bien veiller à l'absence de distorsions car certaines machines d'agrandissement créent des aberrations optiques qui déforment le motif sur les bords.
Deux exemplaires sont requis.

Le premier est fixé sur une planche de montage, le second est collé sur un carton, dans les 300g/m².
L'exemplaire sur carton servira à la découpe des morceaux de verre, objet d'un autre message, voyons d'abord la planche.
Celle-ci est de préférence en contreplaqué qui reçoit plus facilement les clous de montage. Son épaisseur devra être suffisante pour ne pas se déformer trop fortement, 12mm est un bon choix pour les travaux courants. Les dimensions de la planche doivent être supérieures à celle du vitrail fini pour offrir de la place pour poser les outils.
Pour démarrer le travail de montage, on a besoin d'appuis de référence. On forme une équerre avec des baguettes de bois clouées sur la planche. Pours les formes circulaires ou ovales, il faut utiliser un gabarit découpé à la scie sauteuse et ponçé pour des courbes bien lisses.

Le carton issu de l'agrandissement de la maquette sera découpé aux ciseaux à trois lames:


A suivre, la découpe du verre.

--Message édité par Touche_à_tout le 28-02-10 à 12:14:04--

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25-02-2010 à 06:02:00
Partie 4: la découpe du verre.

Nous avons donc notre carton à découper. Cette opération va nous donner les gabarits de découpe à trier en fonction du code de couleur qu'ils portent.

L'assemblage se faisant à l'aide de profilés en plomb, il faut savoir que l'épaisseur de profilé entre les morceaux de verre s'accumule avec le nombre de "cloisons" qui s'ajoutent dans chaque direction de progression du montage. Cela crée très rapidement un décalage des pièces et une distorsion inacceptable du motif.

Pour contrecarrer cet effet, le carton est découpé avec des ciseaux spéciaux à 3 lames, qui enlèvent une largeur de carton correspondant à l'épaisseur de l'âme du profilé en plomb. Ces ciseaux ne sont pas toujours d'un emploi aisé car la bandelette centrale peut se coincer et les courbes sont difficiles à suivre. Pour lkes courbes, il faut donner des petits coups et pivoter légèrement les lames entre deux. Il faut aussi se dégager assez fréquemment pour fermer complètement les ciseaux et évacuer la bandelette découpée.

Après découpe et tri par couleur, on va préparer la coupe du verre. On commence par présenter lesgabarits en carton sur la plaque de verre correspondante. On suit les éventuelles indications pour l'orientation en cas de texture ou nervures. On essaye d'optimiser l'emplacement des gabarits en fonction de l'économie de verre, du tracé de coupe, mais aussi des éventuelles variations d'intensité de couleur.
Les cartons sont fixés sur la plaque de verre avec un ou plusieurs morceaux d'adhésif double face.

La coupe en elle-même sera décrite dans un autre sujet, elle peut être divisée en plusieurs étapes.
Pour les lignes droites, le plus rapide, facile et économique est de tailler directement à la bonne dimension. On trace donc le contour du gabarit puis on s'aide d'une règle pour la coupe à l'intérieur du tracé. La pièce ainsi obtenue ne nécessite normalement aucune retouche.
Pour les lignes courbes, on découpe d'abord entre chaque pièce pour les travailler individuellement ensuite. On suit le carton avec le coupe-verre pour couper au plus près. Dans le cas de courbes prononcées, il peut être nécessaire de s'y reprendre en plusieurs fois, voire de ne pas prendre de risque au coupe-verre et de finir au grignotage.

L'ébauche au coupe-verre terminée, on arrive donc à ce grignotage qui consiste à se rapprocher au plus du gabarit en ébrêchant le verre avec une pince.
avant de grignoter, on trace le contour des cartons sur le verre avec un feutre spécial verre ou un correcteur liquide ( moins bonne tenue ).

Quelques-uns des outils courants: certains sont modifiés. Coupe-verre, couteau à plomb, ouvre-plomb, pince coupante.


Vient un moment où le grignotage risque d'aller trop loin, on retire le carton et on passe à la finition avec la meule à eau. On corrige ainsi les dernières irrégularités, cela ébavure le bord du verre et facilite son insertion dans le plomb.
Attention, au moment de retirer le carton, reporter immédiatement le code d'identification de la pièce. cela permet de la retrouver rapidement et de ne pas risquer d'inversion ou retournement car certaines orientations de textures se voient difficilement, certains effets ne se retrouvent que sur une seule face et il faut donc être homogène sur tout le vitrail.

Si tout s'est bien passé jusque là, le meulage jusqu'à l'effacement du tracé au feutre donne une pièce conforme au gabarit. Il peut y avoir bersoin d'aller plus loin pour le montage, c'est à voir au cas par cas. Plus rarement, mais ça peut arriver, la pièce est déjà trop courte et il faut la refaire.

La coupe du verre est le premier moment où l'on voit si le motif a été bien conçu. Le montage sera une confirmation ou non et les difficultés rencontrées seront autant de leçons à retenir pour établir les maquettes suivantes...

Les cartons sont soigneusement rangés en enveloppes séparées par couleur, ils serviront en cas de casse ou de production ultérieur d'un autre exemplaire du même motif.

Prochaine étape: le montage.


--Message édité par Touche_à_tout le 28-02-10 à 12:11:53--

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25-02-2010 à 20:47:44
Partie 5: le montage.

On va enfin voir notre vitrail prendre forme !

La planche de montage, sur laquelle on a collé notre plan de montage, est posée sur une table solide et pas trop grande. On doit pouvoir tourner autour du vitrail sans avoir à se vautrer sur la table pour atteindre le milieu du panneau.
Une lampe de bureau se révèle vite très utile car penché sur son travail, on cache la lumière du plafonnier.

Pour le cas le plus fréquent des panneaux rectangulaires, on commence le montage par un angle. On pose donc en premier les rails de plomb extérieurs, contre les baguettes d'appui.
A partir de là, on place les pièces suivant les indications du plan. Chaque pièce doit correspondre exactement au tracé qui est la copie exacte des gabarits de coupe.

Cas particulier de bords irréguliers: les baguettes sont remplacées par un profil découpé.


Chaque pièce posée est entourée de plomb dès que c'est possible sans gêner la pose de la pièce voisine. Dans certains cas, on peut laisser un morceau de verre en attente en le calant avec une chute de plomb et un clou de montage. Ainsi, les verres restent bien à plat et on évite de les ébrêcher avec le clou.




Il est parfois nécessaire de retoucher les pièces à la meule à eau pour ne pas empiéter sur la pièce voisine. c'est parfois fastidieux mais c'est indispensable pour la suite du montage.

L'emboîtement de certaines pièces peut parfois être difficile à cause des formes et dimensions. On peut s'aider de cales en bois pour les mettre en place. Il faut cependant veiller à bien doser ses efforts car il arrive de casser une pièce en appuyant trop fort.

Les jonctions entre plombs se font avec un léger recouvrement et non pas bord à bord. Cela implique de prévoir ces endroits dès la coupe du profilé.
La circonférence de la pièce est mesurée avec une ficelle et reportée sur le plomb que l'on coupe avec un couteau. On présente le plomb le long de la ou des pièces à entourer et on trace au feutre les emplacement des raccords. chaque marque indique où passer l'ouvre-plomb. Cette ouverture permet l'emboîtement des jonctions pour un meilleur aspect, mais aussi pour une meilleure étanchéité et une meilleure résistance des soudures.

La pose du plomb sur certaines pièces peut demander l'aide de cales en bois, particulièrement pour les courbes serrées.
Le plomb est très fragile, il faut donc éviter de trop le manipuler car il ne supporte pas d'être plié et déplié.
Un étireur de plomb permet d'améliorer l'aspect d'un profilé ayant été un peu déformé lors du transport ou des manips mais son usage doit être limité pour ne pas fragiliser le plomb.

Quelques astuces pour le montage seront données après la description de cette méthode.

Prochaine étape: soudure et masticage.




--Message édité par Touche_à_tout le 28-02-10 à 12:09:35--

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26-02-2010 à 06:02:19
Partie 6: soudure et masticage

La soudure est l'opération qui va fixer le montage de manière premanente. Cela requiert un peu d'entraînement car il faut apprendre à gérer la température du fer à souder qui conditionne la vitesse de fusion de l'étain et le temps de contact maxi pendant lequel on peut étaler le métal fondu.
Le fer à souder est d'une suissance de 80 à 100 watts, une régulation de température est la bienvenue mais est plutôt rare. La plupart du temps, il ne s'agit que d'une régulation de puissance et cela ne tient pas compte des éventuelles interruptions.
Le plus important est que la panne du fer ( la pointe ) soit assez large, un diamètre de 8mm est assez pratique pour les travaux courants.
Un peu d'entraînement sur des chutes de plomb permet de se faire une idée de la difficulté et évite de s'exercer sur un vitrail monté.

La préparation de la soudure consiste à rabattre les ailes de plomb à toutes les intersections de la face visible du panneau. On utilise pour cela une spatule en plastique ou en bois, en faisant attention à ne pas déraper pour éviter de griffer le plomb. Attention également à ne pas trop appuyer pour ne pas casser les morceaux de verre !

On vérifie plusieurs fois qu'on n'a pas oublié de jonctions puis on prépare les fournitures: décapant liquide et pinceau. Le décapant sert à faciliter la pénétration du métal fondu dans les interstices et à la surface du plomb. Sans décapant, l'étain ne forme que des billes qui n'adhèrent pas au plomb.
Une quantité assez faible de décapant suffit, on ne l'applique qu'au dernier moment avant la soudure sinon il traverse le panneau et disparaît.

La soudure proprement dite consiste à prendre un peu de métal d'apport ( l'étain ) avec la panne du fer et de déposer la goutte sur la jonction de plomb. Au contact, le plomb prend la chaleur et l'étain pénètre les interstices, l'excédent restant en surface pour former un petit dôme. Il peut être nécessaire de glisser un peu le fer pour étaler l'étain sur une jonction plus large que la panne. Le contact fer/plomb doit rester très bref car le risque de fondre le plomb est assez élevé, surtout si le fer s'est réchauffé entre deux soudure trop espacées. Si une soudure présente un aspect non satisfaisant, attendre qu'elle soit complètement refroidie avant de la reprendre.

Une fois toutes les soudures effectueés, le panneau ne peut plus se défaire tout seul, on peut le déclouer de la planche et le retourner, en le maintenant avec une seconde planche pour éviter qu'il ne se plie si besoin.
Les mêmes opérations de préparation sont effectuées sur la deuxième face du panneau.

Profitez du retournement pour admirer pour la première fois la transparence de votre vitrail.

La masticage:
Il n'est pas obligatoire pour les petites pièces de décoration intérieure pour lesquelles ont peut se contenter de rabattre les ailes de plomb pour terminer.
Pour les panneaux destinés à un montage extérieur ou pour les grandes dimensions, le masticage a un double objectif: assurer l'étanchéité et rigidifier le réseau de plomb.

Après la soudure, les profilés de plomb sont encore un peu ouverts, cela permet de faire pénétrer entre plomb et verre un mastic vitrier presque liquide. Je dis bien "presque", la préparation est "faite maison" et non pas achetée toute faite, ce qui permet d'ajuster la consistance.
Le mastic est appliqué avec une brosse. Libre à chacun de choisir entre un gros pinceau à poils durs ou une brosse à dents, selon la force qu'on a dans les mains et les bras, la surface à traiter...
Attention, l'opération est très salissante !


En cours de masticage, on s'assure de la bonne pénétration en essuyant des pièces transparentes; le mastic doit resortir de l'autre côté.

Quand on estime avoir bien mastiqué la première face, on rabat tous les plombs à la spatule puis on enlève l'excédent de mastic en saupoudrant de la sciure de bois. avec un chiffon, on rassemble un peu de sciure et on frotte le mastic ( attention à ne pas trop appuyer, c'est du verre en dessous ).
Cela n'enlève que la plus grosse partie du mastic, il en reste toujours dans les angles et le long du plomb, on le retirera plus tard et on passe au deuxième côté pour le même traitement.


Quand les deux faces sont mastiquées, on racle délicatement l'exédent de mastic et de sciure, on peut éventuellement finir par un nettoyage au blanc de Meudon s'il reste des traces de décapant sur les soudures.


Le panneau est alors terminé, il faudra le laisser reposer à plat quelques semaines pour que le mastic durcisse un peu. Pendant ce temps là, on pourra peaufiner le nettoyage car le masticage aura laissé le verre gras.

Prochaine étape: la pose.


--Message édité par Touche_à_tout le 26-02-10 à 19:53:59--

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27-02-2010 à 08:01:57
Partie 7: la pose.

Les vitraux sont, historiquement parlant, surtout utilisés en vitrage sur des constructions en dur. Avec le temps, leur usage s'est quelque peu démocratisé et on en trouve non plus seulement dans les édifices religieux, mais également dans les entreprises et habitations individuelles.
Les techniquesde vitrail ont également évolué et font que de nouvelles présentation ont vu le jour avec des applications souvent originales. Ces techniques seront discutées dans d'autres sujets mais on imagine dès lors que la pose d'un vitrail dans son emplacement final peut revêtir de nombreuses formes.
La plus commune est le montage direct sur la maçonnerie. Dans les églises et cathédrales, les panneaux sont montés dans des baies, lesquelles sont munies d'une "feuillure", un logement prévu pour recevoir le vitrail comme un montant de fenêtre reçoit la vitre. Le panneau est alors "collé" au mastic et au plâtre.
Pour les vitraux de grandes dimensions, la surface est divisée en panneaux plus faciles à manipuler. Cela nécessite une structure porteuse métallique. La division en panneaux et la structure porteuse doivent être prévus dès la conception du vitrail. Je n'en parle que maintenant car dans le cadre d'une découverte/initiation, on se lance plutôt rarement dans de tels projets...

La srtructure porteuse est donc constituée de montants métalliques, appelés "barlotières". Ce sont des fers plats scellés dans les murs et portant des "pannetons" des autres plats fixés d'équerre et comportant une ouverture. Le panneau est posé sur les pannetons, un "feuillard", lui-même percé d'ouvertures, s'emboîte sur les pannetons et recouvre donc le deuxième côté du panneau. Des clavettes sont finalement insérées dans les ouvertures des pannetons pour empêcher le feuillard de ressortir. Du mastic assure l'étanchéité de l'ensemble.

Mais ce n'est pas toujours suffisant, les panneaux peuvent encore nécessiter un renforcement contre les effets du vent. Viennent donc les "vergettes", de petites barres métalliques passant devant le vitrail, scellées aussi dans le mur, et sur lesquelles on attache le vitrail avec des torsades de plomb soudées préalablement sur le vitrail. autant dire que ça aussi se prévoit dès la conception !
Les vergettes peuvent être utilisées sur les supports en bois. Elles peuvent également être forgées, soit pour effet décoratif soit pour contourner un élément du panneau.

A gauche, vergette forgée pour vissage sur bois, à gauche vergette forgée pour contourner un motif ( en bas de l'image, voir aussi les attaches torsadées ).

Il y a cependant bien d'autres emplacements possibles pour les vitraux. En intérieur, on choisit plutôt une structure d'encadrement en bois. Dans ce cas, on considère le vitrail comme une simple vitre, les éventuelles vergettes en plus. Les applications les plus courantes sont les portes de meubles, les portes intérieures et certaines ouvertures de cloisons.

Lorsque le projet est étudié suffisamment en avance, on peut aller jusqu'à faire insérer un vitrail dans un double vitrage. Il n'y a alors plus de problème de maintien nin d'entretien puisque le vitrail est tenu inaccessible entre les deux vitres. Cette technique nécessite une entente préalable entre le client, le fabricant de la fenêtre et celui du double vitrage.

D'autres applications sont possibles: citons par exemple les abat-jours, les lanternes, les caissons 3D, les survitrages amovibles, les entourages de miroirs, les objets décoratifs...
Chaque cas est spécifique mais ne fait appel qu'à des solutions de bon sens et relativement simples à mettre en oeuvre. Cela va de l'utilisation d'un cadre-support à l'inclusion intégrale de l'objet dans le vitrail ou du vitrail dans l'objet.
Si vous avez des questions sur un montage spécifique, n'hésitez pas à les poser ici.

Bon, voilà en résumé, si si, c'est résumé, les étapes de fabrication d'un vitrail. si vous avez trouvé ça long, ce n'est pas un métier pour vous car si rien de tout cela n'est particulièrement compliqué, tout est long ! Il s'agit plus de patience que de technicité, bien que le métier demande plusieurs années pour être maîtrisé, notamment pour les techniques complémentaires qui n'ont pas été abordées ici. D'autres sujets leurs seront consacrés pour ceux qui désirent aller plus loin dans le domaine.

Pour ceux qui se passionneraient pour l'art du vitrail, sachez tout de même que cela prend du temps, on compte rapidement en dizaines ou centaines d'heures, que le matériel et les fournitures coûtent relativement cher, qu'il est difficile d'en vivre car la clientèle est très restreinte. Néanmoins, vous pourrez le découvrir plus en détail en visitant des ateliers d'artisans, certains proposent des stages, ou en vous inscrivant dans une association de loisirs créatif qui propose cette activité. Le matériel y est mis à votre disposition et vous ne payez que vos fournitures personnelles ( verre, plomb... ). Si ça vous branche vraiment, vous saurez quoi acheter en plus, si vous ne souhaitez pas aller plus loin, vous n'aurez pas investi dans un matériel pas toujours évident à revendre. Vous aurez au moins la satisfaction de repartir avec votre création !

Cordialement,
Nicolas.

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