ARTS & MACHINERIES

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Semoir/épandeur engrais/saleuse AGREX XLR500

02-12-2012 à 14:34:45
Bonjour,

Je croyais avoir déjà ouvert ce sujet il y a plusieurs mois, mais j'ai tout simplement oublié, je répare donc cette erreur.

Il s'agit d'un engin multi-missions que l'on rencontre assez fréquemment, il en existe différents modèles, de différentes marques, de différentes couleurs. Le modèle ici présenté est l'AGREX XLR500.
C'est un semoir agricole pour les semis à la volée, pouvant être utilisé comme épandeur d'engrais, mais aussi comme saleuse routière. C'est ce dernier usage qui est fait du modèle qui sera suivi dans ce sujet et on peut le voir en action dans le sujet sur les tracteurs Kubota BX2350 de ce forum. Les possesseurs de cet engin ou d'un équivalent sont invités à faire part de leur expérience.

Voici donc l'engin en question:

Le principe est relativement simple, il s'agit d'un appareil remorqué qui tire son énergie du déplacement fourni par le véhicule tracteur. Une des roues entraîne le mécanisme réducteur/renvoi d'angle, qui à son tour entraîne le rotor disperseur et l'agitateur de fond de trémie. Un levier commande l'ouverture du fond de trémie pour régler le débit du produit à épandre.


Il y a d'autres réglages: une coulisse permet de régler l'inclinaison générale de l'engin, ou plutôt de l'adapter à la hauteur de l'attelage du tracteur. Un autre réglage permet de régler la direction du jet de produit, un dernier permet de limiter les projections vers le haut.
Une poignée près de la roue d'entraînement permet d'embrayer le système pour l'utilisation (vitesse limitée à 30km/h) ou de le débrayer pour le transit (vitesse max ?).

Tout cela est bien beau sur le papier, mais la réalité du terrain fait quelque peu déchanter.:
- Le réglage de limitation en hauteur est purement théorique, même au plus haut, il rabat tellement le jet que le produit tombe au pied de la machine, ou même plutôt sur la machine elle-même. Il a fallu tordre la tôle pour la relever et obtenir une largeur de travail acceptable pour du salage routier (je n'imagine pas que ce soit utilisable en l'état pour de l'agriculture).
Le réglage de la direction du jet est totalement inefficace: au milieu, ça part plus d'un côté que de l'autre, sur les côtés, c'est tellement excentré que ça part dans les montants de la machine et donc ça retombe aussitôt.
- La coulisse de réglage de la verticalité de trémie a été montée à l'envers en usine et s'est remplie d'eau, ce qui s'est suivi d'une importante corrosion interne non visible de l'extérieur et d'un sévère grippage qui n'a pu être récupéré que par la force.
- La poignée d'embrayage ne tient que par friction écrou/contre-écrou sur un arbre en tige filetée, ce qui finit bien sûr par se désserrer.
- L'agitateur de la trémie ne reste pas contre la paroi et finit par se redresser au centre où il n'a aucune action.
- Le bouton de blocage du réglage de débit, en plastique, s'est vite désolidarisé de la partie métallique et à dû être remplacé par une simple vis.
- La structure portant le zébra réfléchissant et les feux est de qualité de fabrication très médiocre, visiblement pas d'origine, la peinture est à refaire dès l'achat.

Malgré cela, on arrive quand même à travailler pour du salage, il faut juste rouler à contre-sens !

J'ai eu l'occasion de faire passer du sel de différentes origines et dans différents états. Les réglages sont très différents de l'un à l'autre mais on finit par trouver un équilibre. Le problème le plus important est la présence de blocs durs (le sel humide finit quand-même par geler par grand froid): il détériore l'agitateur et obstrue le fond de trémie. L'humidité du sel a également l'inconvénient de l'aglomérer et de l'empêcher de descendre. Sur une route bien lisse, on a du mal à saler par manque de débit et si on ouvre plus, ça tombe trop ! Il faut prendre soin de donner des à-coups de temps en temps pour décoller le sel des parois, et de s'arrêter de temps en temps pour brasser le tout avec un bout de bois. Pour éviter l'effet inverse, le compactage sur route défonçée, il faut limiter le chargement à mi-hauteur de la trémie (vers la barre de renfort).

Bien entendu, ces difficultés sont en grande partie liées au sel, qui n'est pas le meilleur produit à faire passer dans ce genre d'appareils, mais cela rend quand même un service appréciable si on prend le temps d'apprendre à s'en servir.
Je reste cependant sur ma faim car la qualité de conception et de fabrication ne sont pas vraiment top.

Nicolas.
Acheter chinois tue nos emplois.
Mon avatar: Doc Brown, l'inventeur fou de Retour vers le futur ( Christopher Lloyd )
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08-12-2012 à 07:16:38
Bonjour,

Voici la suite des aventures de la saleuse remorquée...

Cette machine entame cette année sa quatrième saison de salage. Après sa période de remisage estival, elle a subi une vérification complète et remise en état: dégrippage de la coulisse de réglage, remplacement des feux et de la prise, protection au gas-oil.

Lors de la première sortie de la saison, en traitement de verglas, un fort bruit s'est fait entendre, suivi d'in claquement à chaque tour de roue. Les conditions étant normales (chargment modéré, sel humide mais pas de blocs durs, vitesse inférieure à 30mk/h), il a été supposé un problème sur le crabot permettant d'embrayer le rotor. Après différents essais dont je passe les détails, le salage a dû être terminé au pas.
De retour au dépôt, la trémie vide, le système fonctionne bien ! Le bidule est garé et la recherche du problème est reportée au lendemain.
Et le lendemain, en déplaçant la saleuse à la main, voilà que la roue "motrice" se met de travers !!! Le verdict est sans appel: roulement.

Et le démontage révèle des surprises...

Sur la photo, le moyeu, avec un de ses roulements et le circlip d'arrêt, une partie du crabot et sa goupille et la fusée.
Le roulement semble en bon état, c'est trompeur, il tourne mais accroche fortement. Il y a trois roulements identiques, les deux autres sont totalement détruits: les cages ont lâché et les billes libérées ont tout saccagé. d'ailleurs, on n'a pas retrouvé les billes, elles'mêmes ont été détruites!
De si petits roulements, avec les efforts qu'ils doivent supporter, plus le sel, pas étonnant. Malheureusement, le démontage des bagues a été très difficile. Celles de la fusée ont été ouvertes à la disqueuse, mais pour celles du moyeu, il a fallu creuser des logements à la mini-perceuse et taper comme des bêtes pour les décoller et les extraire. (fini avec un tube coupé en long biseau).
La référence 6809RS n'est pas des plus courante mais un distributeur local en avait et le remontage a été entrepris dans la foulée.


Dans le bâti du semoir, se trouve l'autre partie du crabot, monté sur une transmission à coulisse. L'extrémité côé crabot comporte un épaulement qu'un excentrique écarte pour débrayer l'entraînement et inversement.
Malheureusement, avec les efforts causés par les roulements en perdition, le crabot a servi de fusible et les dents (en acier à ferrer les hamsters), ont été très fortement matées (métal non durci par trempe ou cémentation).
Le rechargement a été choisi pour permettre la remise en route rapide de l'équipement qui ne peut rester immobilisé. Une séance d'ajustage a dû suivre pour retrouver un profil correct pour les dents, et surtout une portée et un centrage évitant une usure trop rapide.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là...
Au remontage du moyeu sur la machine, l'essai montre que si l'entraînement fonctionne, la manoeuvre le la poignée de commande de crabot ne permet pas de débrayer, il y a un méchant frottement. Après plusieurs essais de repositionnement, il est décidé de démonter la poignée, mais deux de inserts sont grippés et tournent maintenant dans le vide... Disqueuse...
Et voilà que l'excentrique est lui-aussi fortement endommagé (toujours pas de traitement de durcissement).

Là aussi, rechargement, ajustage (méplat sur la tranche pour maintenir la poignée en position de débrayage).

Mais au remontage, toujours le même problème de frottement et d'impossibilité de débrayer entièrement. Redémontage et observation permettent de déduire que le disque excentrique passe au-dessus de l'épaulement de l'arbre de transmission. Une simple rondelle viendra à bout de ce problème, mais comment ça pouvait marcher avant, mystère. Le dessous de la tête de vis, malmené par la soudure, frotte directement sous la plaque de maintien, c'est pas de la mécanique, ça!
Faute de disposer d'écrous à sertir, la plaque maintenant la poignée de commande est finalement maintenue par un point de soudure d'un côté, ça reste démontable si besoin.

Allez, une petite dernière pour finir:
Remontage de la roue, les vis sont de simples têtes haxagonales plates, même pas un fond bombé pour bien appuer sur les logements en calotte sphérique des trous (une jante normale, quoi). Niveau qualité d'appui et de serrage, on a vu mieux...


De tout cela, mon avis personnel est que la conception et la fabrication de ce modèle sont bien faibles. C'est peut-être un modèle d'entrée de gamme, mais pour une fabrication européenne, c'est vraiment médiocre.
Je qualifierai même cela de copie italienne d'un matériel chinois !

Vous voilà donc prévenus de ce qui vous attend avec ce modèle.

Cordialement,
Nicolas.

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