ARTS & MACHINERIES

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Réfection d'un plancher

17-01-2010 à 10:20:26
Bonjour,

Je commence ici une série de messages sur la réfection partielle de deux niveaux de plancher d'un clocher d'église ( deuxième et troisième étages ).
L'objectif est de sécuriser l'accès aux mécanismes d'horloge, les planchers étant vermoulus il n'est plus possible d'approcher du cadran ni des cloches.

L'église en question n'est pas classée monument historique et il est donc possible d'intervenir sur l'édifice sans devoir respecter des procédures extrêmemnt lourdes.

Les photos ne sont pas de bonne qualité car prises avec un téléphone portable dans un lieu très mal éclairé ( vous pensez bien que ce n'est pas un lieu de séjour ni de grand passage... ).

Voici le premier deuxième en cours de démontage.

Les planches sont criblées de trous de vrillette, certaines sont cassées. Le trou déjà fait vient du retrait d'une porte ( ! ) utilisée comme planche de remplacement...
Une des poutres soutenant ce niveau est cassée et est ùmaintenue par un chevron reposant sur le niveau inférieur.

Le choix technique pour cette intervention est relativement simple: démontage des planches et de la poutre cassée et remplacement pur et simple.
La poutre sera remplacée par un madrier de sapin ( pas les moyens de mettre une poutre en chêne ) et le plancher sera refait en lames de parquet en sapin. Cette solution a été retenue au lieu de panneaux d'agglo pour éviter trop de pertes en découpes grâce à un format plus adapté, ainsi que pour une meilleure durabilité dans ce lieu non chauffé et donc humide.
L'opération se fera en deux étapes, le troisième étage ne sera entrepris que lorsque le deuxième aura été refait.

Après le démontage, les boiseries restantes recoivent une application au pinceau d'un traitement curatif type xylophène pour limiter les dégâts dûs aux insectes. C'est loin d'être parfait mais c'est mieux que rien. La nouvelle poutre et les planchers seront également traités, en préventif.

A suivre...
Prochain message, remplacement de la poutre cassée.

Cordialement,
Nicolas.
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Mon avatar: Doc Brown, l'inventeur fou de Retour vers le futur ( Christopher Lloyd )
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01-01-2010 à 07:19:46
Bonjour,

Le plancher ancien est maintenant entièrement démonté, le traitement curatif appliqué. On va donc procéder à la mise en place de la poutre de remplacement.
Le madrier en sapin étant d'un format différent, les trous dans les murs devront être agrandis au marteau-perforateur, en hauteur mais aussi en profondeur, pour permettre l'emboîtement sur une longueur suffisante de chaque côté.
Un des trous avant agrandissement...

La nature des matériaux de construction réserve parfois des surprises. Ici, une majorité de blocs de silex, impossibles à percer ou casser. C'est donc la poutre qui sera taillée pour se poser dessus !

Le profil de coupe permet non seulement le placement de la poutre dans le mur, mais augmente aussi considérablement la surface d'appui. Dans un mur en plâtre, ce n'est pas superflu...
La longueur de poutre est déterminée par l'écart entre les murs + la longueur d'emboîtement du côté le plus profond. On place d'abord ce côté, on relève la poutre et on place le deuxième coté en répartissant les emboîtements à profondeur à peu près égale. Ici, on a environ 8 cm de chaque côté, c'était limité par la présence des silex. Dans un matériau plus tendre des embôitements plus longs auraient été obtenus sans problème.

Préalablement à sa pose, la poutre reçoit à ses extrémités quelques clous pour améliorer l'accroche du plâtre.
Le scellement se fera en fait à la colle à placo ! Pour s'assurer d'un bon enrobage, la colle a été préparée en barbotine et coulée derrière un coffrage.


Le décoffrage a lieu après la prise mais avant séchage. LA partie supérieure du logement est comblée avec de la colle préparée normalement à consistance épaisse et introduite à la spatule. Le madrier est ici étayé pour empêcher son poids de forcer sur la colle encore fragile.



Prochaine étape: la pose du nouveau parquet.

A bientôt,
Nicolas.

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09-01-2010 à 13:30:44
Bonjour,

Voici donc la pose des lames de parquet.
Je dois préciser tout de suite qu'il ne s'agit pas d'une pose soignée pour ce plancher "technique". pour une utilisation aussi ponctuelle que celle-là, le travail présenté est déjà un luxe que les lieux n'ont probablement jamais connu jusqu'ici !
La pose est commencée contre le mur où arrive le haut de l'escalier. Cela permet à une personne de travailler dpuis le haut des marches tndis qu'une autre travaille sur un escabeau, entre les poutres.


La première lame est posée de sorte à présenter un alignement moyen entre les murs. Bien que ceux-ci ne soient pas bien droits, on trouve une position qui permet de répartir le décalage et d'avoir des lames à peu près d'équerre par rapport aux poutres. La première lame est vissée sur la poutre et servira d'appui pour l'emboîtement des suivantes.

Evidemment, ça laisse un jour. On le tolère ici mais habituellement on laisse un écart plus important pour ensuite ajuster une lame taillée sur mesure.

Pour le haut de l'escalier, on doit mettre des lames bout-à-bout. On met ici à profit le fait que le raccord se fasse sur une poutre pour utiliser des chutes sans rainure/languette d'extrémité.


A partir des premières lames posées, on vérifie la hauteur des poutres entre elles. Comme elles ne sont pas troutes droites ni posées à la même hauteur, il faut placer des cales, elles aussi traitées en préventif au xylophène. Une vis par cale suffit pour les immobiliser, elles seront bloquées lors du vissage des lames.


Notez comment la poutre d'origine a été ajustée sur place après la pose. C'est la technique inverse: on met plus gros et on enlève ce qui est en trop !

La partie arrondie au dessus de la poutre correspond à la hauteur enlevée.

Une fois qu'on a posé quelques lames, on peut accéder au-dessus, c'est plus pratique pour travailler. On reste cependant encombré par le matériel nécessaire: perçeuse, visseuse, boîte de vis, scie sauteuse, rallonge multiprise, crayon, fraise à chanfreiner, marteau, cale en bois.

Ici, on n'a fixé qu'une lame sur deux, pas vissage. Les lames sont percées en place pour faciliter le vissage, les vis sont du type "anti-éclatement", c'est-à-dire qu'elles comportent une entaille à la pointe qui cisaille les fibres du bois. Leur comportement est similaire aux vis "auto-taraudeuses" malgré une conception différente.

Les têtes de vis sont noyées grâce à un logement préalablement réalisé avec une fraise à chanfreiner. L'utilisation de la butée de perceuse est un plus pour la régularité des chanfreins, ni trop ni trop peu...

Le prochain message abordera le dernier niveau, juste sous la cloche. Les travaux étant depuis terminés, je prendrai des photos avec un vrai appareil photo. Ne cherchez pas encore d'image du premier plancher, celui-ci a immédiatement été recouvert d'une bâche pour le démontage du niveau supérieur, vous comprendrez vite pourquoi... Je présenterai aussi le détail de l'ajustement de la dernière lame ( traçage ).
En attendant, voici une vue dont l'éclairage est plutôt rare dans les églises.


A bientôt,
Nicolas.



--Message édité par Touche_à_tout le 17-01-10 à 08:52:41--

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Mon avatar: Doc Brown, l'inventeur fou de Retour vers le futur ( Christopher Lloyd )
17-01-2010 à 10:20:26
Bonjour,

L'aventure continue avec le niveau 3, maintenant que le plancher du niveau 2 est sécurisé.
Voici donc pourquoi je n'ai pas mis de photos du niveau 2 terminé pour l'instant, il a été protégé par une bâche pour démonter ça:

Il ne reste pas grand chose de ce plancher, il était pourtant en madriers de 7 cm d'épaisseur !!!
Le travail est encore plus délicat que pour le niveau 2 car l'endroit est encombré par la structure porteuse de la cloche. D'ailleurs, celle-ci continue à sonner les heures et demi-heures, ce qui oblige à surveiller la montre pour ne pas se faire surprendre par le tintement, c'est un coup à tomber...


Vu du dessous, c'est déjà bien crade...


Mais alors vu du dessus, c'est carrément affolant: presque 1 cm de poussière accumulée depuis on ne sait combien de temps. Et ce n'est que poussière et toiles d'araignées, un grillage empêchant les oiseaux de rentrer. Point de rongeurs, rien à manger ici.

On retire donc les morceaux de madrier un par un, par chance ils ne sont pas fixés. On finit par un bon coup de brosse puis on met en place des longueurs de chevrons. Comme on a trois poutres d'appui, on ne peut pas utiliser des chevrons en un seul morceau, peu importe on se contente de demi-longueurs.


La pose des lames de parquet est la même que précédemment sauf qu'on ne commence ni ne finit le long d'un mur mais dans l'espace entre les poutres du plancher et celles de la structure porteuse de la cloche.
Il est plus que difficile de faire des photos à cet endroit encombré, voici quand même deux vues:

Début de la pose des lames, vue depuis la trappe d'échelle, agrandie au passage par rapport à l'origine.

Du même endroit avec un objectif grand-angle, sans recul possible, pas de miracle en terme de champ de vision, impossible d'utiliser un flash tant il y a d'obstacles qui porteraient des ombres partout.

Redescendons plutôt au deuxième niveau, après évacuation des déchets et enlèvement de la bâche de protection:

depuis le haut de l'échelle du niveau 3/


Il y a désormais une rambarde rudimentaire au-dessus de l'escalier du niveau 2. C'est mois pour empêcher de tomber que pour signaler le trou. Avant, il n'y avait rien, c'est un petit mieux qui n'était pas prévu au départ et a été réalisé avec des restes de différents chantiers.

Voilà pour cette intervention sans prétentions qui permettra aux techniciens spécialisés de venir entretenir les mécanismes d'horloge en toute sécurité.

J'annoncais dans mon message précédent que je montrerai l'ajustement de la dernière lame de parquet, je crois qu'il serait plus judicieux de consacrer un nouveau sujet dédié pour cela, ce qui permettra d'être plus précis et d'ajouter quelques trucs...

Merci d'avoir suivi cet article jusqu'au bout, n'hésitez pas à poser des questions.

Bien cordialement,
Nicolas.



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